Énergie solaire photovoltaïque
Semaine 5 : Batteries et connexions au réseau public
Guidance

Les batteries au plomb

Principe de fonctionnement

Un bref aperçu du principe de fonctionnement des batteries au plomb va nous aider à en décrire les caractéristiques.
Le tableau ci-dessous indique quels sont les matériaux qui interviennent dans le processus électrochimique d'une cellule au plomb.

Emplacement

Matériaux actifs

Chargés

Déchargés

Électrode positive

PbO2

PbSO4

Électrode négative

Pb

PbSO4

Électrolyte

H2SO4

H2SO4
concentration plus faible

Matériaux actifs d'une batterie au plomb

On voit sur ce tableau que l'un des matériau actif est en phase liquide, et que sa concentration varie en fonction de l'état de charge.
Une conséquence de ce fait est la tension d'attente (tension "à vide", c'est-à-dire en l'absence de courant) dépend de l'état de charge. Ce phénomène, s'il est en soit indésirable, peut néanmoins être utilisé pour estimer l'état de charge d'une batterie.
Une autre conséquence est que la température de gel de l'électrolyte dépend de l'état de charge de la batterie.

Un autre phénomène important est l'apparition de sulfate de plomb dans les électrodes lors de la décharge. A l'électrode positive, ce sulfate de plomb occupe un volume 1.5 fois plus grand que l'oxyde PbO qu'il remplace, tandis qu'à l'électrode négative, il occupe un volume 3 fois plus grand que le plomb métallique qu'il remplace. Ce gonflement tend à boucher les pores des électrodes, et donc à ralentir la vitesse des réactions au fur et à mesure que la décharge progresse, puisque l'électrolyte trouve de moins en moins de place entre les grains pour atteindre la partie du matériau actif en cours de transformation chimique.
En outre, le sulfate de plomb est un mauvais conducteur électrique, de sorte que, s'il se forme un îlot de matière active entouré de sulfate de plomb, cet îlot ne pourra plus guère être utilisé lors de la décharge en cours. De tels îlots se forment surtout lors des décharges rapides, et réduisent (temporairement) la capacité apparente de la batterie.

Sulfatation

Un des problèmes typiques affectant les batteries au plomb est la sulfatation. Pendant la décharge, il se forme toujours, de par le principe de fonctionnement de la batterie (voir tableau en haut de cette page), du sulfate de plomb. Au départ, ce sulfate apparaît sous une forme granuleuse, facilement retransformable lors de la charge de la batterie. Malheureusement, le sulfate de plomb a tendance à recristalliser sous une forme plus stable et électriquement isolante.

Cette transformation physique indésirable du sulfate de plomb, qui porte le nom de sulfatation, se produit surtout lorsque

Une batterie sulfatée se reconnaît à la couleur blanche de ses plaques et au fait qu'il est très difficile d'y faire circuler un courant de recharge (résistance interne très élevée).

Ce dernier symptôme n'est pas à lui-seul une preuve absolue car il peut aussi être dû à un mauvais contact entre une borne de la batterie et la plaque correspondante, voire à un mauvais contact dans le circuit extérieur à la batterie.

Il faut être particulièrement attentif au phénomène dans les pays chauds. On veillera à commander des batteries sans électrolyte et à ne les remplir d'électrolyte que lorsque toute l'installation est prête à réaliser la première charge. Le remplissage se fera avec un électrolyte un peu plus dilué que la normale.

Les batteries destinées à un usage automobile contiennent des catalyseurs destinés à accélérer les vitesses de réaction, ce qui est indispensable pour que ces batteries puissent fournir les courants élevés nécessaires au démarrage du véhicule. Malheureusement, ces catalyseurs accélèrent aussi la sulfatation. Ce n'est pas trop gênant pour une utilisation sur un véhicule car la batterie est immédiatement rechargée après chaque utilisation. Par contre, utiliser une batterie de voiture dans une installation solaire sera souvent une mauvaise solution, malgré le prix intéressant de ces batteries, car la durée de vie d'une telle batterie sera courte puisque les batteries des installations photovoltaïques sont la plupart du temps dans un état partiellement déchargé.

A noter qu'il est encore plus préjudiciable d'utiliser, même occasionnellement, une batterie "solaire" pour démarrer le moteur d'un véhicule, car les batteries solaires ne sont pas conçues pour débiter de fort courants et risquent donc d'être détériorées dès la première utilisation de ce type.

Principaux traits du comportement

Les batteries au plomb sont souvent constituée d'un groupe de 6 cellules montées en série (aussi bien pour les batteries "solaires" que pour les batteries couramment utilisées dans les voitures).

Les considérations ci-dessus permettent de comprendre le tableau ci-dessous, qui donne les caractéristiques de tension d'une cellule et d'une batterie constituée de 6 cellules en série.

Cellule unique

Batterie de 6 cellules

Tension nominale

2 V

12 V

Tension de gazéification

2.3-2.5 V

14.0-15.0 V

Tension d'attente

2.2-2.3 V

13.0-14.0 V

Tension limite de décharge

1.8-1.9 V

10.8-11.4 V

Coefficient de température de la tension
(laquelle ?)

- 5 mV/°C

- 33 mV/°C

Caractéristiques de tension d'une batterie au plomb à 20°C

La figure ci-dessous montre comment la tension évolue en fonction de la charge fournie, pour différentes valeurs du courant de décharge. Ces courants valent (en A) respectivement 5% , 15% et 25% de la capacité nominale (en Ah), ce qui correspond à une durée de décharge d'environ 20h , 6h et 3h respectivement.

Figure S05-7 : Evolution de la tension en fonction de la charge fournie pour 3 valeurs du courant de décharge (il s'agit d'un exemple typique ; les courbes sont légèrement différentes d'une fabrication à une autre)

On voit sur ce graphe que la capacité dépend du courant de décharge, ce qui est dû au phénomène d'îlotage de matière active décrit plus haut, mais aussi à la chute de tension occasionnée par le passage du courant, qui fait que la tension limite de décharge est atteinte plus vite à fort courant. Ce dernier phénomène est moins pénalisant que le premier car la perte de capacité qui en résulte peut être récupérée en continuant la décharge à courant réduit. On peut aussi récupérer une partie de la capacité perdue en laissant à la batterie un temps de récupération (pendant lequel l'électrolyte peut s'infiltrer dans les pores des plaques et la matière active restante prendre une forme plus accessible) avant de terminer la décharge.

Méthodes d'estimation de l'état de charge propres aux batteries au plomb

Les caractéristiques des batteries au plomb permettent l'utilisation de certaines méthodes d'estimation de l'état de charge qui leur sont propres.
Une façon d'y arriver consiste à mesurer la tension de la batterie, mais on n'obtient de la sorte qu'une indication assez imprécise car la tension de la batterie ne dépend pas uniquement de l'état de charge, mais aussi de la température et du courant débité. Il est donc intéressant de tenir compte dans l'estimation de l'état de charge du coefficient de température (-5mV/°C/élément), ce qui nécessite une mesure de la température, de préférence la température de la batterie, éventuellement celle du boîtier électronique si celui-ci se trouve disposé de façon telle que sa température soit proche de celle de la batterie. Une possibilité est de fixer sur une borne de la batterie un capteur de température conçu pour résister aux attaques chimiques (suintage d'acide, sels grimpants..).

Une méthode plus précise pour estimer l'état de charge, mais qui demande une intervention manuelle, consiste à mesurer la densité de l'électrolyte, ce qui permet de connaître la quantité d'acide sulfurique restante.
La masse spécifique de l'électrolyte d'une batterie à pleine charge varie entre 1.240 et 1.280 kg/litre, en fonction du type de batterie. A la tension limite de décharge, la masse spécifique de l'électrolyte s'élève à environ 1.100 kg/litre.
La mesure de la masse spécifique peut être effectuée à l'aide d'un hydromètre.

Protection contre le gel

Puisque la concentration de l'électrolyte diminue lors de la décharge d'une batterie, la profondeur de décharge doit être limitée par temps froid. C'est ainsi que, pour une protection devant aller jusque -10°C, on doit limiter la déchage à 80% seulement de la capacité de la batterie, et que pour une protection devant aller jusque -20°C, on doit limiter la décharge à 60% seulement de la capacité de la batterie. Ceci entraîne non seulement la nécessité de surdimensionner la batterie, mais aussi celle de disposer d'un estimateur de l'état de charge suffisamment précis.

Note: dans le jargon des distributeurs, on dit que la capacité de la batterie est réduite par temps de gel, ce qui donne l'illusion, fausse, qu'il suffit d'arrêter la décharge lorsque cette dernière est complète pour protéger la batterie du gel. On notera aussi que la température de protection contre le gel est une valeur qu'il faut fixer a priori : on ne peut pas se contenter de mesurer la température pendant la décharge car le gel peut survenir après la fin de la celle-ci !

La figure ci-dessous indique quelle est la température de sécurité en fonction de l'état de charge de la batterie.

Figure S05-8 : température de sécurité contre le gel en fonction de l'état de charge (il ne s'agit que d'un exemple typique ; cette courbe dépend fortement de la constitution de la batterie)

Autodécharge

Même en l'absence de courant de charge, l'hydrolyse de l'eau se produit car la tension d'attente d'une batterie au plomb est largement supérieure à celle qui correspond à cette hydrolyse. On peut cependant maintenir la vitesse de cette réaction à un niveau assez faible par l'usage d'additifs inhibiteurs, surtout dans le cas des batteries solaires car l'effet négatif de ces additifs sur la valeur maximum admissible du courant n'est pas trop pénalisant pour ces batteries (rappelons qu'il ne faut jamais utiliser une batterie solaire pour démarrer un moteur de voiture).

La vitesse d'autodécharge dépend de la tension de la batterie et de la température. La figure ci-dessus indique l'allure de la dépendance vis à vis de la température. L'autodécharge est plus rapide quand la batterie est complètement chargée car la tension est alors plus grande.

Figure S05-9 : vitesse d'autodécharge en fonction de la température (il s'agit à nouveau d'un exemple typique, cette courbe dépendant fortement de la fabrication)

On observe que l'autodécharge est assez faible pour ne pas être trop pénalisante dans le cas d'un stockage d'énrgie à l'échelle de quelques jours. En cas de nécessité, des durées de stockage de plusieurs mois peuvent être envisagées (mais sont rarement justifiées d'un point de vue économique dans le cas d'une installation photovoltaïque).

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Dernière mise à jour le 25-02-2004