Philosophie et révélation dans l'itinéraire de Schelling

De 1794 à 1853, la philosophie de Schelling va jouer un rôle important dans les grands débats de la pensée allemande suscités par l'Aufklärung, le Sturm und Drang, le romantisme et l'idéalisme post-kantien. Disciple de Kant et de Fichte, ami de Hegel et de Hölderlin, puis professeur de Kierkegaard et de Engels, Schelling a tenté d'explorer toutes les voies offertes à la rationalité de son temps: celles des nouvelles sciences de la nature (biologie et chimie), celles de l'art et de la poésie nouvelle, celles du transcendantalisme systématique et celles de l'histoire des religions et des mythes alors en pleine révolution. Mais dans cette variété, Schelling garde aussi une ligne directrice, d'ordre métaphysique, celle qui tente de mettre en perspective la liberté humaine avec ses aspirations et l'ordre des choses, le monde, moins comme nécessité extérieure que comme mise à disposition de soi, comme donation originaire, comme pouvoir-être. L'existence, selon Schelling, porte non au dualisme de la nature et de l'esprit, mais à l'étonnement devant l'événement de l'être qui confie la liberté à soi-même, un étonnement qui devrait aussi guider notre intelligence de l'histoire humaine, pour saisir, à même le cours du temps, la faveur d'une présence qui permet à toute vie de renaître et de continuer. Au sortir de la modernité, la religion semble à Schelling porteuse d'un sens de l'être qui ramène la volonté à sa source, la Vie infinie.