Les développements récents de la théorie du Droit et l'impact de cette discipline en philosophie politique aujourd'hui ont suscité un regain d'intérêt pour les thèses de Fichte dans ce domaine où il a joué un rôle incontestable de précurseur. Faut-il pour autant soutenir une lecture sélective de cet auteur et quitter sa réflexion politique dès qu'il s'engage sur les voies plus scabreuses du nationalisme et de la mystique de l'action? Cet ouvrage voudrait prouver que la lecture sélective de Fichte manque un versant essentiel de sa théorie politique, un versant qu'il considérait lui-même comme complémentaire de celui du droit, le versant de l'éthique du destin collectif et de la création culturelle d'un art de vivre en commun. Un fil conducteur privilégié pour ressaisir l'unité du propos fichtéen sur la politique est offert par les traités dits de "philosophie populaire" qui permettent de cerner le rôle primordial donné à l'éducation politique vis-à-vis de l'effectuation de l'Etat de droit précisément considéré comme la base d'une communauté d'éducation mutuelle par les "exposés scientifiques" du Système. A travers ces réflexions se détache également la mission sociale du savant telle que Fichte a tenté de la vivre par son engagement intellectuel. |