Recherches appliquées : Droits de l'Homme et engagement social
Les recherches appliquées sont guidées par le souci
de tester, au plan pratique, les avancées théorique
proposées par la recherche fondamentale.
Cet intérêt pratique a été rencontré
par la sélection de secteurs permettant de vérifier
les avancées spéculatives à travers l'analyse
critique du développement des jugements normatifs liés
à l'action morale et à l'action collective depuis
le moment de leur conception (applicabilité) jusqu'à
celui de leur insertion empirique (application).
Des recherches ont ainsi été menées
dans les domaines des Droits de l'Homme et
de l'éthique de l'engagement en milieu
d'action collective. De manière générale,
on a constamment recouru dans ce cadre à une méthode
de " formation-recherche " mise au point pour les besoins
du projet plus global. Dans cette deuxième orientation,
le souci était, à l'inverse de la première
orientation, d'élaborer un appareil critique susceptible
de mettre en évidence le pôle noétique des
valeurs et des convictions dans un champ où prédomine
la forme noématique de la l'intentionnalité. La
confrontation avec des acteurs historiques concrets défenseurs
de valeurs et porteurs de convictions a donc été
un choix pour explorer le processus social de subjectivation de
l'action collective.
Plus d'informations
De cette organisation générale de la recherche
découlent des hypothèses sur les formes de rationalisation des
rapports sociaux dans un univers où la productivité normative
doit constamment assumer son incomplétude. Ces hypothèses portent
sur la nature des normes en général en tant qu'elles structurent
le processus collectif de la normativité ; elles portent également
sur les jugements qui tentent d'orienter ce processus évolutif ; elles
portent enfin sur les formes de vie susceptibles de satisfaire les visées
inscrites dans ce processus, notamment en ce qu'elles sont susceptibles de
reconduire le processus en question ou de l'épuiser. On trouvera une
série d'orientations épistémologiques fortes susceptibles
d'être déclinées systématiquement ou de manière
isolée : les normes suivent une structure d'application qui est réversible
et asymétrique ; le jugement qui rend possible leur application subordonne
l'habitualité du comportement pratique à la réflexivité
de la projection typique ; la structure réflexive du chemin d'application
des normes se traduit empiriquement dans la structure de possibilisation de
nouvelles formes de vie, dans la mesure où celle-ci s'effectue par
un accroissement de réflexivité qui dépend d'un mécanisme
incitatif correspondant à un processus d'apprentissage social lui-même
réversible et asymétrique, c'est-à-dire opérant
sur l'interchangeabilité des rôles et sur la formation de communautés
réflexives intermédiaires.
L'organisation générale de notre recherche
tente de reprendre à son compte l'opération réversible
et asymétrique de la norme comme mode de réflexivité
sociale. Elle suit en effet une double division. D'une part, elle se subdivise
sur un mode foucaldien entre pratiques discursives et pratiques empiriques,
tout en admettant une forme de réversibilité entre ces pôles.
D'autre part, elle joue sur l'asymétrie du noétique et du noématique
dans la structure du jugement, pour constamment compenser l'un par l'autre
en fonction du point de vue adopté au plan spéculatif ou au
plan pratique.
Note historique : l'organisation de notre recherche a aussi
progressivement évolué. Elle a d'abord tenté de trouver
un point de fixation de la réversibilité des champs d'investigation
en s'orientant vers une symétrisation de ceux-ci grâce à
l'analyse de la croyance comme forme de vie. Les analyses consacrées
à la philosophie de la religion ont ainsi longtemps joué le
rôle de point de fixation par une sorte de test d'adaptation possible
des comportements individuels. Il a fallu découvrir le renouveau du
point de vue évolutionniste sur des modes d'adaptation du collectif
par mutation des comportements pour envisager la transformation des formes
de vie sur un mode prospectif. Il est devenu alors possible d'envisager un
point de fixation plus compatible avec la perspective de l'asymétrie.
C'est celui que tente d'élaborer la recherche actuelle sur la philosophie
de la gouvernance. Alors que la philosophie de la religion ne pouvait conduire
qu'à un mode d'ajustement rétrospectif, la philosophie de la
gouvernance permet d'envisager une forme prospective de transformation qui
ouvre alors concrètement la question des conditions de sa récurrence
comme possibilité. Dans cette optique actuelle, c'est la séquence
conceptuelle réflexivité - apprentissage - inférence
qui est au nœud de nos investigations.
|