Le fil conducteur qui guide ces recherches est
le développement contemporain du point de vue transcendantal
sur les limitations de la raison, en tant qu'accompagné
d'une fermeture non justifiée au point de vue spéculatif
sur ces limitations (nouvelle forme de scepticisme). Nous avons
donc tenté de rétablir un tel point de vue, en montrant
qu'il était nécessaire pour interpréter correctement
les positions défendues tant par Habermas que par Rawls.
Nous avons ainsi montré que le recours à la critique
de la limitation de la raison opérait dans de multiples
directions chez ces auteurs tant pour suspendre les préjugés
hérités des présuppositions sémantiques
du monde vécu que pour réduire l'espérance
d'une société bonne élaborée sur le
mode compréhensif d'un ordre rationnellement déterminable
dans son contenu. Or ces différents recours aux limitations
de la raison, doublés d'une auto-définition dans
le mode procédural des rationalités limitées,
ne conduisent à aucune reprise épistémologique
de la forme opératoire de la rationalité procédurale
en tant que projet pratique de transformation des modes de rationalisation
sociale. Apparaît alors en filigrane la possibilité
d'un point de vue nouveau, susceptible de prendre en compte les
limitations contextuelles de la raison procédurale et d'admettre
les exigences de décomposition d'un tel projet d'auto-achèvement
pour que se déterminent de nouvelles formes de vie. On
parlera alors de la pragmatique contextuelle, comme du dépassement
du point de vue schématisant de la pragmatique formelle
des éthiques procédurales. La pragmatique contextuelle
est le rétablissement du point de vue spéculatif
sur les limitations de la raison contre le "scepticisme modéré"
des éthiques procédurales. Elle rend possible une
interrogation sur la fonction inférentielle de la réflexivité
structurant la production des normes sociales.